La semaine dernière, ce blog mentionnait la «Nouvelle loi sur la famille afghane». Or, il évaluait la Loi, en vertu de la couverture médiatique, selon le regard occidental. J'ai cru bon d'y apporter le son de cloche de la minorité chiite d'Afghanistan.
L'AFP indiquait qu'un des plus hauts responsables religieux de la minorité chiite d'Afghanistan a défendu samedi un projet de loi controversé sur les femmes, dénonçant les critiques occidentales comme une "invasion culturelle" qui va selon lui à l'encontre de la démocratisation du pays.
"Cette pression politique est une invasion culturelle, qui part du principe qu'une culture est meilleure que les autres", a dénoncé Mohammad Asif Mohseni lors d'une intervention publique dans une université de Kaboul.
Des Etats occidentaux --dont les Etats Unis, le Canada, l'Allemagne et la France-- ont vivement dénoncé ces dernières semaines une nouvelle loi régissant le droit familial de la minorité chiite, qu'ils accusent de bafouer la liberté des femmes.
Le "statut personnel des chiites" a été adopté en mars par les parlementaires afghans et signé par le président Hamid Karzaï. Il n'est cependant pas encore entré en application, n'ayant pas encore été publié au journal officiel.
Il stipulait notamment, selon une version consultée par l'AFP la semaine dernière, qu'il était "de la responsabilité de l'épouse d'être prête à satisfaire sexuellement son mari et de ne pas quitter la maison sans autorisation, sauf en cas de besoin ou de difficulté".
Suite aux critiques des pays occidentaux, évoquant notamment une légalisation du viol, plusieurs modifications ont été introduites, et la loi est en cours de révision par le ministère afghan de la Justice. Ni le projet initial, ni la version amendée du document n'ont encore été rendus publiques.
Cette nouvelle législation a pourtant été définie démocratiquement par les parlementaires afghans, sur les principes "de la démocratie même que l'Occident défend" en Afghanistan, estime M. Mohseni.
Selon lui, toute nouvelle modification du texte par le gouvernement constituerait une violation de la Constitution. "Le ministère de la Justice n'a pas le droit de changer" la loi qui prévoit que les chiites (environ 15% de la population, ndlr) aient leur propre code de la famille, a-t-il affirmé.
Le leader chiite estime que le texte a été mal traduit et que l'article prévoyant qu'un homme doit dormir au moins une fois tous les quatre jours avec sa femme ne signifie pas nécessairement une obligation de relations sexuelles.
Mais il souligne toutefois qu'il est "obligatoire" pour l'épouse de répondre aux sollicitations sexuelles de son mari, à moins qu'elle ne soit malade, récupère d'un accouchement, en période de jeûne religieux ou de menstruation, ou d'autres circonstances similaires.
Mardi, un porte-parole du président Karzaï avait reconnu que la loi soulevait "des problèmes", et que la révision en cours visait à régler "les problèmes techniques mais aussi les aspects légaux" du document.
Cette révision doit permettre "de s'assurer" que la loi ne déroge pas aux engagements du gouvernement afghan au regard des conventions internationales sur les droits de la Femme, et de l'Homme en général", selon le ministère des Affaires étrangères.
Le "Statut personnel des chiites" suscite également quelques critiques dans le pays. Cinq membres du gouvernement ont ainsi lancé la semaine dernière une pétition, signée depuis lors par 200 responsables et intellectuels afghans, pour mettre en garde contre une "talibanisation" légale du pays.
Source: AFP
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