lundi 26 mars 2007

Le procès relié au génocide rwandais a débuté lundi à Montréal

Au Palais de justice de Montréal a débuté lundi un important procès relié au génocide rwandais qui a fait plus de 800 mille victimes au milieu des années 90. Le procès sera présidé par le juge André Denis de la Cour supérieure du Québec. Il a été précédé de plusieurs semaines d'auditions préliminaires au Rwanda. Désiré Munyaneza, un homme de 40 ans, fait face à des accusations de crimes contre l'humanité, crimes de guerre et génocide.
L'homme est notammant soupçonné d'avoir tué des dizaines de personnes et violé des douzaines de femmes.

Lundi, une femme qui était âgée de 17 ans lors du génocide, est venue raconter au tribunal, qu'elle et sa soeur, sont les seules survivantes d'un massacre survenu dans son village où des centaines de Tutsis ont été brûlés ou assassinés à coups de machette.

Il s'agit du premier procès pour crime de guerre à avoir lieu en territoire canadien, ce qui attire des dizaines de journalistes dont certains proviennent de France, des États-Unis et d'Allemagne.

Selon le Centre canadien pour la justice internationale, au moins 800 criminels de guerre et violateurs des droits de la personne vivent au Canada. Le Canada est un des rares pays à avoir adopté une loi qui lui permet, sur son territoire, de poursuivre des individus ayant commis des crimes à l'étranger

La preuve de la Couronne s'échelonnera sur une période de trois mois. Notons que le procès se déroule principalement en anglais et en kinyarwanda, deux des langues officielles du Rwanda.

Rappel des faits:


Désiré Munyaneza est né en 1966, fils d’un riche commerçant à Butare. Il gérait le principal magasin général de la ville lorsque le génocide débuta au Rwanda en avril 1994.Selon un rapport de l’organisation «African Rights», Munyaneza était connu comme un extrémiste politique même avant avril 1994. Il aurait établi des relations de travail proches avec les officiers militaires principaux et des fonctionnaires du gouvernement local en charge du génocide à Butare.

Conformément au même rapport, l’une des responsabilités de Munyaneza aurait été la surveillance d’un réseau de barrages routiers érigés à travers la ville de Butare, soutenus par des milices maniant des machettes, haches, gourdins cloutés et autres objets. Quiconque était identifié comme un Tutsi était tué sur place ou emmené ailleurs pour y être assassiné.De plus, Munyaneza est accusé d’avoir joué un rôle très significatif dans les viols et violences sexuelles – ayant présumément violé plusieurs femmes et filles et encouragé la milice sous son commandement à faire de même.

Munyaneza est aussi blâmé par les témoins et survivants pour avoir enlevé, avec d’autres soldats, des Tutsis de l’Hôpital universitaire.

En 1997, Munyaneza a fui vers le Canada grâce à un faux passeport camerounais. Il a immédiatement déposé une demande d’obtention du statut de réfugié, insistant sur le fait que parce qu’il était Hutu, il serait tué s’il retournait au Rwanda.Trois ans plus tard, la Commission de l’immigration et du statut de réfugié a rejeté sa demande, principalement en vertu du témoignage d’un enquêteur de la Section des crimes de guerre de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui a associé M. Munyaneza au massacre rwandais. Le comité de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié a jugé qu’il y avait des raisons de penser qu’il avait participé à la perpétration de crimes contre l’humanité. En vertu de l’article 1 F de la Convention relative au statut des réfugiés de 1951, une personne est exclue du statut de réfugié s’il existe des raisons sérieuses de penser qu’elle a commis un crime contre la paix, un crime de guerre, un crime contre l’humanité, un crime grave de droit commun ou qu’elle se soit rendue coupable d'agissements contraires aux buts et aux principes des Nations Unies


Source: BRANCHEZ-VOUS!, Trial Watch

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