LAGOS (AFP) — Shell a accepté de payer 15,5 millions de dollars pour éviter un embarrassant procès intenté par des proches de l'activiste nigérian Ken Saro-Wiwa, pendu en 1995, qui ont accusé le groupe de collusion avec la dictature nigériane d'alors pour protéger ses intérêts pétroliers.
La compagnie anglo-néerlandaise a réaffirmé mardi son innocence, au lendemain de l'annonce aux Etats-Unis de l'accord à l'amiable.
"Shell n'avait rien à voir dans les violences qui se sont déroulées", a-t-elle déclaré dans un communiqué, affirmant avoir fait "un geste humanitaire" en versant cet argent.
Shell a été accusé de complicité avec le régime militaire du président Sani Abacha, au pouvoir au Nigeria en 1995, dans la pendaison de l'écrivain et militant écologiste Ken Saro-Wiwa au terme d'une parodie de procès.
Le fondateur très populaire du Mouvement pour la survie du peuple Ogoni (Mosop), partisan de la non-violence, avait réussi à interrompre les activités de Shell dans le delta du Niger, région pétrolifère du sud du pays.
Il accusait le groupe de polluer l'environnement et de justifier la présence des militaires dans le delta, sans pour autant partager ses gains avec la population locale.
Qualifiant de "tragiques" les exécutions de Saro-Wiwa et de huit autres Ogonis, Shell a souligné dans son communiqué avoir "tenté de persuader le gouvernement d'alors de faire preuve de clémence".
Le Mosop s'est félicité mardi de l'accord financier conclu mais a insisté pour que la compagnie répare les dégâts environnementaux qu'elle aurait causés.
"Nous sommes satisfaits de cette compensation de 15,5 millions de dollars pour la mort de Ken Saro-Wiwa et huit autres dirigeants Ogoni, mais Shell doit s'attaquer au problème de la pollution et de la dégradation du pays Ogoni", a déclaré à l'AFP Bariara Kpalap, porte-parole du Mosop.
Lundi, les avocats américains des plaignants ont annoncé qu'un accord avait été trouvé avec Shell après que plusieurs audiences préliminaires de ce procès inédit avaient été reportées ces dernières semaines sans explication.
Marco Simons, l'un de ces avocats, a précisé qu'une partie de l'argent irait à ses clients et une autre à un fonds de soutien au peuple Ogoni, une fois les honoraires payés.
Shell, "doyenne" des majors pétrolières dans le delta du Niger, où elle opère depuis plus de 50 ans (1956), est régulièrement la cible d'attaques de militants armés affirmant agir au nom des populations locales et pour une meilleure répartition des revenus pétroliers.
En juin 2008, le président nigérain Umaru Yar'Adua avait annoncé que le groupe allait être remplacé en pays Ogoni par un autre opérateur en raison d'"une totale perte de confiance entre Shell et la population Ogoni".
L'accord financier conclu avec les plaignants Ogoni, au terme d'une longue bataille, évite à Shell l'embarras d'un procès et des responsables de Shell au Nigeria ne cachaient pas leur soulagement mardi.
La plainte avait été déposée par un groupe de victimes, dont le fils de Saro-Wiwa, sur la base d'une loi américaine remontant à 1789 qui exige des sociétés ayant une présence substantielle aux Etats-Unis qu'elles respectent les lois américaines partout dans le monde.
Source: AFP
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