La sortie du sénateur Boisvenu sur le suicide “assisté” en prison continue de faire des vagues et se dirige vers le rétablissement de la peine capitale. Malgré toute la bonne foi qui m’habite, je ne peux faire autrement, en lisant les arguments des fanatiques du sénateur, d’y voir une déformation de la réalité en lui donnant une couleur rose.
J’ai pris la peine de lire chacun des arguments et de faire des recherches pour constater que ces derniers sont très éloignés de la réalité.
Le premier argument soulevé est celui relatif aux coûts de la détention d’un condamné. La Duke Univerity a fait une étude à ce sujet en mai 1993 qui démontre que la peine capitale coûte $2.16 millions de plus que la détention à vie à la Caroline du Nord.
Palm Beach Post, quant à lui, rapportait en janvier 2000, que la peine capitale coûte chaque année $51 millions de plus que la prison à vie à l'État de la Floride. Fait intéressant à noter, l’analyse portant sur 44 exécutions depuis 1976 a démontré que chaque exécution coûte près de $24 millions
Le Dallas Morning News, en mars 1992, rapportait qu’au Texas, la peine capitale coûte en moyenne $2.3 millions, soit 3 fois les coûts d'une détention à vie, dans une cellule individuelle au degré maximal de sécurité pendant 40 ans
J’aimerais rappeler que la Déclaration universelle des droits de l’homme reconnaît à chacun le droit à la vie et précise «Nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.» La simple lecture de ces dispositions démontre que la peine capitale viole ces droits humains fondamentaux. Il reste incompréhensible qu’un État puisse à la fois interdire le fait de tuer tout en le pratiquant lui-même. Rappelons également, comme le soulignent Claude Emanuelli et Jean-Maurice Arbour, que les normes internationales relatives aux droits humains se situent au-dessus du droit national.
On ne cesse de répéter que la peine capitale n’a aucun effet dissuasif. Aux États-Unis, pays souvent cité en exemple à suivre pour la peine capitale, il est plus élevé dans les États qui pratiquent l’exécution capitale que dans ceux qui y ont renoncé.
On semble sous-estimer le nombre d’erreurs judiciaires. Pourtant, en avril 2007, on rapportait que depuis 1973 aux États-Unis, 123 personnes condamnées à mort ont été libérées après que la preuve de leur innocence a été faite.
Aussi, en terminant, soulignons que la peine capitale est utilisée de manière disproportionnée contre des gens à faible revenu ou des personnes appartenant à une minorité. Citons à titre d’exemples, les États-Unis où la part des Afro-Américains condamnés est supérieure à la moyenne, l’Arabie Saoudite où elle touche avant tout les travailleurs et travailleuses étrangers. La peine capitale est souvent prononcée pour homosexualité (comme le Nigeria,l’ Arabie Saoudite), pour des délits liés à la drogue (comme l’Indonésie, la Malaisie) ou pour vol, corruption ou fraude fiscale (comme la Chine)