mercredi 11 juillet 2007

Enquête en Iran après une lapidation pour adultère

La justice iranienne a ouvert une enquête contre le juge local après l'application d'une peine par lapidation pour adultère en dépit d'un ordre contraire du chef de la justice, l'ayatollah Mahmoud Hachémi Chahroudi, selon un responsable judiciaire cité mercredi par l'agence Isna.

«Le procureur disciplinaire des juges va examiner la décision du juge, qui était contraire à l'ordre donné par le chef de la justice», a déclaré un responsable de la justice qui n'a pas été identifié.

Mardi, Alireza Jamshidi, porte-parole du pouvoir judiciaire, avait annoncé qu'un Iranien condamné pour adultère avait été exécuté par lapidation dans le nord-ouest du pays. De sources non-officielles, cette sentence aurait été appliquée jeudi dernier.

Selon le groupe de défense iranien des droits des femmes militant pour l'abolition de la peine de lapidation, l'homme, marié mais qui avait quitté sa famille pour vivre avec une autre femme, avait été arrêté il y a onze ans.

Interpellée à la même époque, cette dernière, qui se trouvait dans une situation familiale identique, a également été condamnée à mort par lapidation.

Cette peine n'a toutefois pas été appliquée» car elle est «encore suspendue», a précisé mardi Alireza Jamshidi.

«Nous avons été surpris par le verdict et lorsque nous avons appris que la peine avait été appliquée pour l'un des condamnés, le chef de la justice a arrêté l'application de la peine pour la femme», a confirmé Mohammad Ali Ebrahim-Khani, responsable des tribunaux d'appel de la province de Téhéran, toujours selon l'agence Isna.

Concernant l'homme, il a ajouté que le «juge d'application des peines n'avait peut-être pas vu l'ordre donné par le chef du pouvoir judiciaire».

Cette exécution, la première de ce type depuis celle - appliquée et reconnue officiellement par les autorités en juillet 2001 - d'une Iranienne condamnée pour meurtre et adultère, a provoqué une campagne de protestation, notamment en Europe.


Depuis juillet 2001, des organisations de défense des droits de l'Homme ont fait état d'autres lapidations, qui ont toujours été démenties par les autorités.

Note: L'adultère est puni de lapidation dans le code pénal iranien, mais le chef du pouvoir judiciaire l'ayatollah Mahmoud Hachémi Shahroudi a émis une directive en 2002 suspendant l'application de cette peine.

Les tribunaux de première instance peuvent infliger des peines de mort par lapidation, mais toute condamnation à la peine capitale doit être confirmée par la Cour suprême.

Un groupe de défense iranien des droits des femmes, dirigé par l'avocate Shadi Sadr, milite pour le retrait de la peine de lapidation dans le code pénal.

Le pouvoir judiciaire a démenti à plusieurs reprises depuis 2002 qu'une seule peine de lapidation ait été appliquée en Iran, alors que des activistes proches du groupe de Me Shadr ont prétendu le contraire.

En vertu de la loi islamique, les hommes condamnés à la lapidation sont enterrés jusqu'aux hanches et les femmes jusqu'au cou et attaqués à coup de pierres jusqu'à la mort. Ils sont laissés en vie s'ils parviennent à se libérer.

La loi stipule aussi que les pierres doivent être d'une taille telle qu'elles tiennent dans la main et ne soient pas assez grosses pour tuer le ou la supplicié en seulement un ou deux coups.




Source: Agence France-Presse, Téhéran, Cyberpresse, Women Living Under Muslim Laws (WLUML)

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